Festival d'Avignon Off : Le dernier jour de Pierre
- artiphil
- 22 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juil.
On aime Avignon pour ça : assister à “un conte contemplatif sans texte, pour marionnettes à fils et ponctué de brèches noires horrifiques” comme l’annonce la feuille de salle du dernier jour de Pierre. Une forme ancestrale de théâtre, une madeleine de Proust qui ravivent instantanément des souvenirs d’enfance, un conte doux et violent qui touche au cœur.
Sur scène, un beau castelet en bois massif accueille les spectateurs. C’est derrière son écran de scène qui s’ouvre et se ferme au fil de la représentation, que se joue l’histoire de Pierre, un long échalas aux cheveux hirsutes, flanqué d’un large sourire triste qui ne le quitte pas. Dans une époque indéterminée, Pierre le vagabond arrive dans un village aux toits de tuiles qui domine un paysage de roches escarpées. Accueilli par les habitants avec lesquels il se lie d’amitié, on s'émerveille devant la poésie des tableaux qui se succèdent dans des décors qui rappellent ceux de crèches napolitaines. La vie de Pierre s’écoule joyeusement entre veillées au coin du feu et fêtes du village. Mais de manière récurrente, des trouées horrifiques surgissent hors du castelet. Sur le devant de la scène, dans la pénombre du plateau, des formes organiques de plus en plus grandes, formées d’os, de touffes de cheveux blanchis ou d’organes luisants répugnants viennent peupler les nuits de Pierre. A chacun d’interpréter ces épisodes qui conduisent à la scène ultime où le conte bascule dans la tragédie.
La proposition de Baptiste Zsilina, auteur, metteur en scène et concepteur des marionnettes joue sur tous les sens grâce à une esthétique soignée jusque dans les décors ou les costumes de Pierre qui changent à chaque tableau. La musique lancinante aux accents de cuivres tristes, véritable personnage d’un spectacle sans parole, s'accorde parfaitement au rythme du récit. Et c’est bien cette lenteur oubliée des gestes et des déplacements des marionnettes qui en fait une expérience singulière. Tout à coup, on retrouve des sensations anciennes de très jeune spectateur et sans retenue, on se laisse emmener par Pierre, ses amis et ses idées noires. Un spectacle qui ralentit la fiction, prend son temps et offre au public une merveilleuse expérience d'imaginaire.
Dramaturgie, conception et mise en scène : Baptiste Zsilina
En collaboration avec Léa Guillec
Marionnettistes : Coline Agard, Léa Guillec, Hanna Malhas et Marion Piro
Régie plateau et manipulations : Églantine Remblier et Luce Causin
Régie Générale et création lumière : Loris Lallouette
Castelet et machineries : Nicolas Pautrat, Thierry Hett et Coline Agard
Construction Marionnettes et décors : Baptiste Zsilina, Eglantine Remblier, Marion Piro avec l’aide de Sarah Rieu et Nora Laamari
Composition musicale : Baptiste Zsilina
Mixage et création sonore : Arthur Bohl
Festival d’Avignon Off

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