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Festival d'Avignon Off : La sœur de Jésus-Christ

Dernière mise à jour : 23 juil.

Un texte saisissant d’Oscar de Summa magnifiquement interprété par Félix Vannoorenberghe qui retrace l’épopée de Maria, la sœur de Jésus-Christ, au cœur d’un petit village des Pouilles. 

 

La pièce s’ouvre sur un jeune homme longiligne, vêtu d’une robe rouge accompagné d’une citation de L’art de la guerre de Sun Tzu projetée en fond de scène. Il est le narrateur d’une folle histoire, une histoire de guerre, celle de Maria, sœur de Simone, qui interprète Jésus-Christ lors des passions vivantes de son village d’Erchie, dans le sud de l’Italie : “Un garçon d’une beauté… Il en vient de tous les villages alentour pour le voir. Nez droit. Regard profond. Cheveux longs. Deux épaules larges comme ça : la spiritualité faite homme. Quand il est là, curieusement, l’Église atteint un pic de fréquentation”. Maria, donc, saisit un pistolet Smith & Wesson 9 millimètres dans le buffet de la cuisine et se met en route à la rencontre d’un homme. 

 

Pendant une heure quinze, entre récit biblique et western contemporain, le narrateur nous entraîne à la suite de cette jeune fille qui traverse son village pour se venger d’Angelo le Couillon. Un récit cinématographique qui prend la forme d’un long travelling sur Maria, dont on n'entend jamais les mots et qui n’existe que par la robe rouge portée par le narrateur. Auprès d’elle, les villageois se pressent, matérialisés par leurs costumes pendus chacun à un cintre que le comédien installe sur deux tringles qui barrent le fond de scène : idée géniale qui forme peu à peu une foule fantôme autour du narrateur. Il y a sa vieille institutrice, Ulderico l’éphémère fiancé et joueur de foot, Rosario, père de deux filles de l’âge de Maria et président du club des chasseurs qui, muni de son fusil et “posté derrière Maria avait hurlé en direction de la foule : Le premier qui essaye de l'arrêter, je vous jure que je le tue de mes propres mains”. On l’encourage, on veut la dissuader, on se moque, on la soutient, mais rien, ni personne ne l’arrête. 

 

Le regard intense, le corps projeté, Felix Vannoorenberghe sert magistralement le très beau texte d’Oscar de Summa. Accompagné par Florence Sauveur dont les accès de violoncelle ou d’accordéon se mêlent subtilement aux mots et renforcent la tension du récit, il incarne à lui seul un chœur antique de haute volée. Car la sœur de Jésus-Christ est une tragédie, l’histoire d’un basculement. Celui d’une micro-société qui jusqu’alors acceptait la violence faite aux femmes et qui, face à la détermination de Maria, change de camp.

 

De Oscar de Summa

Texte français : Federica Martucci

Mise en scène : Georges Lini 

Avec Félix Vannoorenberghe

Musicienne et compositrice : Florence Sauveur 

Direction musicale et composition : François Sauveur 

Création sonore et composition : Pierre Constant 

Création vidéo : Sébastien Fernandez 

Scénographie et costumes : Charly Kleinermann,Thibaut de Coster 

Création lumière : Jérôme Dejean 

Collaboration dramaturgique : Nargis Benamor

  Festival d'Avignon Off


La soeur de JC_crédit photo _L. HERBINIA
La sœur de JC - crédit photo - L. Heberinia



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