Festival d'Avignon Off : La révérence
- artiphil
- 17 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juil.
Un seul-en-scène tendre qui révèle Emeric Cheseaux, un jeune comédien suisse à suivre.
Avec pour tout décor quelques caisses à vendange et le mur de verdure du jardin du Carmel, Emeric Cheseaux nous raconte son départ de Saillon, son village natal valaisan, pour Genève où il va apprendre la comédie. A travers une galerie de portraits truculents, il dit sa soif d'émancipation tout autant que son amour pour les siens.
Après une vibrante homélie aux accents d’enterrement entonnée par le curé, le comédien devient sa mère, femme pleine d’énergie, qui propose du vin blanc ou du jus d’abricot local à tout le public. Suit la grand-maman, le frère, la copine de la mère qui s’interrogent sur les raisons de ce départ. Alors, oui, Emeric n’a pas l’accent du Valais comme toute la famille, oui, il veut devenir comédien, oui "il est nippé comme une fille" et savent bien comme le dit la grand-mère que “Tô, il te faut partir. Penses-tu !”. Mais tout de même, comment peut-il quitter ses montagnes ? Comment peut-il abandonner son village et les siens ?
Si La révérence appartient au genre vu et revu du seul-en-scène d’autofiction, ce récit d'affranchissement touche au cœur. D’abord par sa langue, car Emeric Cheseaux fait un travail approfondi d’écriture en intégrant des mots de patois et des expressions locales qui disent la distance entre son personnage et ce milieu rural qui lui ressemble si peu. Ensuite par son énergie de son jeu très corporel qui dessine avec précision l’identité de ses personnages. On retrouve la même candeur, le même engagement que chez Romain Daroles dans Phèdre ! de son compatriote suisse François Gremaud. Rien d’étonnant, quand on sait qu’Emeric Cheseaux a assisté cet auteur sur le dernier opus de sa trilogie d'héroïnes, Carmen. Cette forme d’outrance ne produit pas pour autant des caricatures de paysans bornés. Ses personnages sont bien plus que leur accent et leurs a priori, ils sont la générosité et la nostalgie d’un lieu qu’il aime envers et contre tout. Et c’est bien cette tension qui affleure, entre un monde qui ne lui ressemble pas et qu’il veut quitter, et ses racines qui sont une partie de lui-même.
Emeric Cheseaux est un garçon à suivre et on parie fort que ce jeune comédien va continuer avec talent à porter son regard aigu sur le monde. On attend avec impatience son prochain spectacle prévu pour l'année prochaine.
Texte, mise en scène et interprétation Emeric Cheseaux
Collaboration artistique Coline Bardin
Regard extérieur Shannon Granger
Accompagnement Olivier Debbasch
Création lumières Céline Ribeiro
Adaptation technique Avignon Lauriane Tissot
Soutien à la diffusion MAG.I.C – La Magnanerie
Festival d'Avignon Off

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