Bollywood Boulevard

Premier seul en scène écrit et interprété par Pauline Caupenne, la comédienne s’inspire d’un épisode marquant de sa jeunesse : le voyage initiatique qui l’a menée en Inde à la rencontre d’elle-même. Son spectacle intime et facétieux mélange théâtre, danse et cinéma et la révèle comme une artiste complète. 

Vingt ans, le plus bel âge de la vie, selon le mantra occidental couramment répandu. Apparemment, pas pour tout le monde. Fuyant une existence terne et ennuyeuse, la jeune Pauline décide de tout plaquer. Elle envoie promener études, père et mère à la recherche de son destin. Celui-ci doit s’accomplir en Inde et plus précisément à Chennai, la mégalopole côtière du Sud du pays. C’est le début d’une aventure rocambolesque et pourtant authentique qui va mener notre héroïne de la publicité jusqu’aux portes de Tollywood, le Bollywood du Sud de l’Inde.  

Dans un décor tout en sobriété avec à gauche un petit autel domestique et ses divinités et au fond deux guirlandes de pompons multicolores, la comédienne est au diapason habillée d’un simple haut et pantalon noir. Quelques accessoires, une valise à roulettes, un plot pour prendre de la hauteur ou encore un bout de sari rose lui permettent d’imaginer toutes sortes de situations et de camper les personnages les plus divers. Avec fluidité et drôlerie, elle se glisse à merveille dans la peau d’une agente énergique, d’un producteur indélicat ou encore d’un astrologue flegmatique, imitant à chaque fois l’accent indien de manière convaincante. 

Mais le plus grand charme du spectacle revient certainement à ces interludes dansés aussi bien sur scène que sur la toile. En effet, la jolie brune aux origines espagnoles, a fait plusieurs années de ballet classique et elle en montre ici un certain aperçu. C’est d’ailleurs grâce à ses talents de danseuse qu’elle réussit à décrocher le fameux rôle d’une production indienne kitschissime d’une durée de quatre heures. On rit beaucoup en voyant ces images incroyables et d’époque que Pauline a réussi à conserver toutes ces années... Quand, soudain, au fur et à mesure du tournage, le doute s’installe. Dans cette Inde qui tient les femmes et en particulier les actrices à l’écart, elle se sent très seule. Objet elle-même de convoitise, elle prend conscience de la misogynie parfois violente qui règne dans le pays. La réalité d’une Inde complexe, inégalitaire et très spirituelle la renvoie paradoxalement à sa propre identité d’Européenne. L’exil ne suffit-t-il pas donc à se réinventer ? Si Pôlin Misha n’existe pas, Pauline Caupenne repart marquée à jamais par cette expérience unique. Avec dans les poches son nouveau mantra : il faut savoir se perdre pour se trouver. 

Bollywood Boulevard

Jusqu’au 11 décembre au théâtre de La Flèche, Paris

Compagnie ETERIA

De et avec Pauline Caupenne

Mise en scène Grégoire Leprince-Ringuet

Chorégraphie Georgia Ives

Son & Musique Elsa Daynac

Et aussi Les visites imaginaires 

Avec une prochaine visite le mercredi 17 décembre au musée Zadkine à 18h30 et 19h30

Pauline Caupenne est Pôlin Micha dans Bollywood Boulevard © Y. Poeys