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La tête ailleurs

Dernière mise à jour : il y a 7 heures

Avec ses chansons au ton décalé et son rythme endiablé, ce premier spectacle écrit par Camélia Acef et Youri Rebeko bouscule les codes de la comédie musicale à l’heure de la mondialisation et des défis écologiques. Loin de la légèreté et de l’esthétique acidulée d’un Jacques Demy, les deux comédiens aussi doués qu’attachants réinventent le genre pour mieux nous entraîner dans leur univers acide, percutant et toujours très drôle.   

 

Pour tout décor, une coiffeuse, une guitare, des enceintes, quelques pochettes de disques, une table à tréteaux qui sert de bureau sur laquelle est posée un clavier. La journée de Norah commence mal, elle a du mal à se préparer pour se rendre à son travail. La jeune trentenaire voudrait bien se concentrer pour surmonter son sentiment de découragement. C’est à ce moment précis qu’elle commence à entendre la première chanson d’un musicien qui au lieu de la rebooster l’incite à tout abandonner, à rester sous la couette et à ne surtout pas mettre le nez dehors. 


Sur un air de comédie musicale qui rappelle Lalaland, le ton est donné, toujours drôle et un brin subversif. Les chansons s’enchaînent au gré des rencontres de Norah dans son milieu professionnel, amical et familial. Pendant une heure, sur un rythme resserré, les deux acteurs seuls sur scène vont interpréter une galerie de personnages. Le comédien Youri Rebeko mène la danse avec sa facilité à passer en clin d’œil de la meilleure amie Louison, à Greta, la CEO allemande de start-up ou encore Nico, le journaliste complotiste. Son énergie impressionne : il enchaîne ses différents rôles avec virtuosité et donne de la voix avec autant de vigueur que de plaisir. Camélia Acef n’est pas en reste. Sa présence lumineuse et la subtilité de son jeu laissent entrevoir peu à peu les failles de son personnage et les causes du mal dont elle semble souffrir. On comprend réellement son secret dans le dernier quart d’heure du spectacle dont la révélation lève toutes les interrogations et les malentendus.

Mais il n’est pas possible d’en dire plus, excepté qu’il ne faut pas manquer ce spectacle au Théâtre de Belleville jusqu’à fin novembre.

On soulignera pour finir la qualité des textes qui résonnent avec l’époque.  La justesse et la dérision des chansons parviennent à dresser le portrait d’une génération prise entre le conflit de son quotidien et ses idéaux pour la planète quitte à en être souvent risible. 

Assurément, la découverte de deux auteurs à la tête bien faite qui vous emmènent ailleurs !

 

Compagnie Minds at Work

Texte et interprétation : Camélia Acef et Youri Rebeko

Mise en scène : Victor Bourigault

Chorégraphe : Eva Tęsiorowski

Scénographie : Laetitia Yturbe




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