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La chair est triste hélas

Dernière mise à jour : 24 sept.

Au théâtre de l’Atelier, à travers les mots d’Ovidie, Anna Mouglalis part en guerre contre la sexualité hétérosexuelle et les hommes. Un cri de colère radical et sans nuances.


Le plateau nu est habillé de larges lames verticales métalliques disposées côte à côte. Apparaît Anna Mouglalis, longue silhouette vêtue de gris qui déambule entre ces lames. D’une voix neutre, elle annonce qu’elle fait la grève du sexe et explique pendant un peu plus d’une heure les raisons d’une telle décision.


Dans ce texte qu’elle a écrit comme un cri, l’autrice, réalisatrice et journaliste Ovidie, attaque frontalement et sans nuance la sexualité vécue par les femmes hétérosexuelles. Il y a le corps de la femme maquillé, épilé, apprêté pour répondre aux fantasmes des hommes et assouvir leurs désirs, le corps violenté dans l’acte sexuel, le corps réduit à un objet de consommation dont les hommes se débarrassent quand il est trop usé. Les punchlines bien senties fusent et déclenchent le rire du public, sans perturber Anna Mouglalis qui excelle dans sa charge contre le patriarcat. 


Pour matérialiser le discours, l’image projetée de la comédienne sur les lames qui forment un écran, crée une tension entre la présence physique de l’actrice et son double spectral et diffracté, qui occupe une grande partie de la scène. Cette vision de femme fragmentée, en morceaux, alterne avec plusieurs séquences d’images choc : violences obstétricales, actes de chirurgie esthétique, concours de mini-miss hypersexualisées. Un choix d’images diffusées sur une musique organique qui augmentent très efficacement le propos. Ajoutée à ce traitement, la magnifique lumière de Robin Laporte éclaire de mille variations Anna Mouglalis qui devient au long du spectacle plurielle.

 Volontairement, le texte d’Ovidie ne comporte aucun élément intime et c’est peut-être ce qui le rend si manichéen, presque superficiel, surtout depuis la libéralisation de la parole des femmes post metoo. Car, après avoir entrouvert la possibilité d’une nouvelle ère plus égalitaire dans les relations entre les hommes et les femmes, elle conclut sur un statu quo. Une conclusion sous forme d’impasse qui ne laisse aucun espoir. Hélas ! 


La chaire est triste hélas

De Ovidie Adaptation et mise en scène Ovidie Collaboratrice à la mise en scène : Marie Fortuit Avec Anna Mouglalis Musique / Bande sonore : Geoffroy Delacroix Montage Barbara Bascou

Création lumière : Robin Laporte Scénographie : Grégoire Faucheux Costumes : Jenn Pocobene





Anna Mouglalis dans La chair est triste hélas © C. Raynaud de Lage
Anna Mouglalis dans La chair est triste hélas © C. Raynaud de Lage

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