Au Théâtre de Belleville, Arcadie, spectacle mis en scène par Sylvain Maurice, offre un récit poétique et troublant qui révèle la talentueuse Constance Larrieu.
Dans le phalanstère de Liberty House, dirigé par Arcady, gourou prônant l'amour libre, la jeune Farah grandit et s’épanouit dans une communauté de marginaux, entourée d’une mère électrosensible, d’un père immature et d’une grand-mère LGBT. Dans ce paradis libertaire entre France et Italie, elle découvre à la puberté que son corps reste coincé dans un état intermédiaire entre fille et garçon. Farah commence alors une enquête sur le genre tout en faisant l’expérience de son propre désir pour un jeune migrant érythréen qui cherche à s’installer à Liberty House.
Sylvain Maurice adapte avec une grande intelligence le roman éponyme d’Emmanuelle Bayamack-Tam. Sur un carré blanc découpé dans le noir du plateau, métaphore du refuge de Liberty House, Constance Larrieu, incarne la jeune Farah. Elle transmet avec une fraîcheur et une précision admirables la langue magnifique de la romancière, personnage à part entière du spectacle. Car c’est bien la force de cette langue complexe, à la fois littéraire et sensible, argotique et pleine d’humour, qui nous immerge dans l’atmosphère de paradis perdu de Liberty House et dans la quête de Farah. Si Constance Larrieu maîtrise à la perfection l'art de dire, elle excelle tout autant dans l’usage de son corps, sujet central du monologue. Un corps parfaitement au diapason du verbe de Farah, qui s'orne d’ailes à la fin du spectacle pour mieux s’émanciper de Liberty House et trouver son propre rythme.
Arcadie, mise en scène de Sylvain Maurice Au théâtre de Belleville jusqu’au 30 novembre
Comentarios