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Le papier-peint jaune

Sur le plateau, une jeune femme aux yeux clairs, vêtue d’une robe XIXème blanche qui ne laisse apparaître que son visage et ses mains, attend. Le regard un peu perdu, un léger sourire aux lèvres, sa silhouette élégante se découpe sur un large panneau aux tons ocres sur lequel s'enracinent des branches et des feuillages. Adaptée de la nouvelle fantastique La séquestrée (Le papier peint jaune) de Charlotte Perkins-Gilman, cette héroïne victorienne incarnée par Lætitia Poulalion, nous transporte dans son voyage intérieur ; celui d’une jeune femme hantée par une profonde mélancolie après la naissance de son enfant. 

Contrainte à un repos forcé par son mari médecin, la narratrice, enfermée dans sa chambre, s’immerge peu à peu dans le papier peint jaune aux motifs mouvants qui recouvre les murs. Représentation de son psychisme, ce papier peint est à la fois un espace d’enfermement et d’évasion dans lequel progressivement la jeune femme s’enfonce. Hors du réel, il devient le lieu de sa détresse contre ceux qui l’empêchent d’écrire et la réduisent à son statut de jeune mère fragile et malade. Il est aussi le réceptacle de ses angoisses face à une réalité et un monde qu’elle fuit. 

La puissance fantastique du texte de Charlotte Perkins-Gilman est servie par une mise en scène minimaliste qui joue habilement sur l’absence du papier peint. Ce dernier, personnage principal de la pièce, n’existe que dans les mots de l'héroïne. Laetitia Poulalion, prise au piège dans sa robe immaculée, offre une interprétation aux mille nuances. Anéantie et à la limite de la folie, elle incarne dans le même temps, une résistance et une force de vie inouïe. 

A voir à Paris puis à Avignon en juillet. 

 



Le papier peint jaune - Laetitia Poulalion © Luca lomazzi


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