Pour la première fois, Elise Noiraud présente à Avignon l'intégrale de sa trilogie seule-en-scène, Elise. Composée de 3 spectacles : La banane américaine, Pour que tu m’aimes encore et Le champ des possibles, on suit Elise, personnage d’autofiction, de son enfance à son entrée dans l’âge adulte. Rencontre avec une comédienne et metteuse en scène tout terrain.
Un mot pour qualifier votre spectacle ?
Épopée. Car Elise est un spectacle d’un format hors norme de 4 heures 30. Épopée, car on suit un personnage dans trois âges de la vie. C’est un récit large et une expérience qu’on traverse avec les spectateurs.
Un spectacle de 4h30 : un pari pour Avignon ?
Oui, c’est un vrai pari pour Avignon, c’est excitant ! C’est plutôt un format que l’on rencontre dans le In et pas dans le Off. L'équipe du théâtre Transversal et moi sommes heureux de tenter l’expérience à Avignon. Un spectacle de cette durée, on en garde forcément un souvenir différent d’un spectacle d’une heure. Mais en tournée et au Théâtre du Rond-Point où j’ai joué trois dates avant d’être interrompu par le Covid, les spectateurs m’ont suivi. C’est bon signe !
Vous proposez une galerie d’une cinquantaine de personnages haut en couleur : conseillère d’éducation, assistante administrative de la Sorbonne, professeur de théâtre, mère et famille. Comment trouvez-vous le ton juste, sans tomber dans la caricature ?
J’écris seule mes textes mais je suis accompagnée par Baptiste Ribrault qui m’assiste dans la construction de mes spectacles. Il m'aide à couper, resserrer le texte. J’évite ainsi la complaisance par rapport aux personnages. Et puis j’ai déjà rencontré dans la vraie vie tous mes personnages, même si après je décale, j'exagère. Ça m'aide !
Dans l’interprétation, c’est le fait d’avoir une vision mentale précise de mes personnages qui me permet de jouer juste. Plus les personnages sont clairs dans ma tête, plus ils sortent précisément dans mon interprétation sans que je décide comment physiquement je vais les interpréter.
Quelles sensations, quelles émotions cherchez-vous à communiquer aux spectateurs ?
Elise, c’est l’histoire d’une émancipation car devenir adulte, d’une certaine manière, c’est partir. Mes trois spectacles sont au cœur de ma vérité, d’enfant, d’adolescente et de jeune femme. En ce sens j'essaie d’être sincère et de donner à voir la beauté de l’enfance et de la jeunesse avec la complexité des rapports familiaux. J'essaie d’ouvrir des portes et des questions sur ces sujets-là.
Elise est publié aux éditions Actes Sud. Est-ce important d’être publié ?
C’est une reconnaissance mais surtout, voir Elise publiée m’a fait prendre conscience que la trilogie existait en tant que tel. Jusqu'à présent, mes textes existaient parce que je les jouais et je n’avais pas conscience qu’ils étaient des objets textuels en soi et que d’autres comédiens pouvaient les jouer.
Un autre de vos projets que vous voudriez mettre en lumière ?
Je mets en scène à la rentrée aux Plateaux Sauvages à Paris, une pièce tirée du film de Laurent Cantet : Ressources Humaines. L'histoire d’un fils d’ouvrier qui fait un stage au service des ressources humaines de l’entreprise dans laquelle son père est ouvrier. Il va y découvrir qu’un plan social se prépare et concerne son père.
En tant que comédienne, je jouerai au théâtre des Quartiers d’Ivry en janvier dans Presque égal à, de Jonas Hassen Khemiri, un auteur suédois, mise en scène par Aymeline Alix.
Je prévois aussi de continuer à jouer Elise en tournée.
Un spectacle à Avignon à recommander ?
Au théâtre Transversal, Truffaut correspondance. Je l’ai vu il y a quelques jours, un très bon spectacle !
Le conseil Avignon d'Elise Noiraud : Truffaut. Correspondance au Théâtre Transversal
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