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Allemagne années 20 : nouvelle objectivité et August Sander

Dernière mise à jour : 21 mai 2022


George Grosz, portrait de l'écrivain Max Herrmann-Neiße, 1925 © The estate of George Grosz, Princeton, N.J. / Adagp, Paris, 2022 photo © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Cem Yücetas

Avec Allemagne années 20 / Nouvelle objectivité / August Sander, le Centre Pompidou nous propose jusqu'au 5 septembre une exposition dense mais passionnante sur un courant mal connu en France : la nouvelle objectivité.


Au-delà de l’avant-gardisme du Bauhaus qu’on identifie mieux, la nouvelle objectivité embrasse une esthétique fondée sur la rationalité, la standardisation et le fonctionnalisme. Pour illustrer ce mouvement artistique et sa quête d’une représentation fidèle du réel, les commissaires ont choisi de placer au cœur de l’exposition les portfolios de portraits du photographe August Sander. De manière subtile et fine, les sept groupes de portraits : le paysan, l’ouvrier, la femme, les états, les artistes, la grande ville, les derniers hommes, décrivent la société allemande à l’époque de la République de Weimar.


Après une introduction qui permet de comprendre la naissance de ce mouvement issu du rejet des artistes pour l’expressionnisme individualiste et des utopies anéanties par la guerre, on plonge dans le bouillonnement créatif des années 20.


La simplicité des pictogrammes de Gerd Arntz pour décrire l’organisation de la société allemande, l’hyperréalisme des natures mortes de cactus de Georg Scholz ou les portraits de femmes de Sander qui s’attachent à décrire la fonction ou le métier des modèles plus que leur psychologie, accrochent le regard. Mais ces images lisses sont moins parfaites qu’elles n’y paraissent. La guitare d’Alexander Kanoldt n’a pas de corde, la cuisine imaginée par Margarete Schütte-Lihotzky pour des appartements de Francfort est certes fonctionnelle, mais isole la femme du reste du foyer. Des portraits d'Otto Dix suintent les stéréotypes : marchand d’art juif cupide, homosexuel outrancier, danseuse satanique. La composition du portrait du Comte St-Genois d'Anneaucourt de Christian Schad semble d’abord bien réelle mais est en fait fictive : les personnages sont comme des figures découpées les unes à côté des autres, sans espace entre eux. On y voit l’aristocrate qui côtoie un travesti berlinois dans une rue de Montmartre. Dans son style naturaliste, l’artiste fait une célébration de l’artificiel et de l’ambiguïté.


Cette ambiguïté, on la retrouve également dans l’éloge du modernisme à travers les photos d’Albert Renger-Patzsch. Les casseroles en aluminium ou les embauchoirs vernis sont montrés en plan rapproché, disposés en rang ou empilés. Ces objets brillants aux lignes parfaites illustrent la puissance du taylorisme et du progrès. Revers de la médaille, les artistes montrent aussi les marginaux, les perdants (chômeurs, mutilés de guerre), les ouvriers, rouages d'une énorme machinerie qui les dépasse. La ville, qui accueille divertissements et plaisirs dans les innombrables cabarets, théâtres et opéras, exclut aussi les familles pauvres de Hans Baluschek qui évoluent dans des terrains vagues relégués aux marges urbaines.


Pour boucler la boucle, l’exposition met dos à dos l’exposition Neue Sachlichkeit, Nouvelle Objectivité, de la Kunsthalle Mannheim en 1925 et celle organisée par la même institution seulement huit ans après, en 1933, date à laquelle Hitler devient chancelier. La première s'enthousiasmait pour ce nouveau mouvement, là où la seconde le dénonce et le bannit de la scène artistique allemande.






Pour retrouver l’atmosphère transgressive de l’époque de la nouvelle objectivité, découvrez la série Babylon Berlin, en ligne sur Canal + :





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