C’est le jour des noces de Fadinard avec Hélène Nonancourt, fille d’un riche pépiniériste de Charentonneau. Mais c’est aussi le jour où Biscotte, la jument de Fadinard, avale le chapeau de paille d’Italie que sa propriétaire avait accroché aux branches d’un arbre du bois de Vincennes, alors qu’elle se faisait conter fleurette par un officier des dragons.
Sous la menace du soldat, Fadinard doit impérativement retrouver un chapeau identique afin que la dame n’éveille pas les soupçons du mari. S’en suit une folle journée, où le jeune homme délaisse sa bien-aimée et sa noce pour partir à la recherche du fameux couvre-chef.
Sur un rythme échevelé, entrecoupé des intermèdes musicaux ciselés de Feu Chatterton !, les 19 protagonistes sont comme des pantins ballotés ici et là, incapables de contrôler les événements qui les traversent. Les corps s'épuisent à courir, souffrent, se désarticulent à l'image des contorsions outrées de la mariée interprétée par Suzanne de Baecque. Fadinard, magistral Vincent Dedienne, est obsédé par le chapeau, comme si cette quête absurde lui permettait d’échapper à sa belle-famille, totalement perdue dans cette ville dont elle ne connaît ni les codes, ni la géographie. Le metteur en scène Alain Françon en fait des personnages cartoonesques : Nonancourt en tête, qui semble tout droit sorti des carnets de Daumier. Ils sont inquiétants et ridicules, évoluant dans le décor de Jacques Gabel qui peu à peu disparaît pour laisser place à un plateau quasiment nu dans le magnifique tableau final. On rit bien sûr, mais le malaise n’est pas loin, amplifié par la musique pop-rock de Feu Chatterton ! Car le spectacle, tout en respectant parfaitement la mécanique implacable du vaudeville, déborde et nous entraîne dans un cauchemar presque existentiel.
Un des meilleurs spectacles de la rentrée et une excellente idée de cadeau de Noël à partager en famille !
