Ce que j'appelle oubli
Ce que j’appelle oubli, ballet d’Angelin Preljocaj, texte de Laurent Mauvignier. Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, 2012
Il s’agit d’un fait-divers tragique. En 2009, un jeune homme rentre dans un supermarché et y boit une bière. Interpellé par des hommes en charge de la sécurité, il mourra sous leurs coups. Je suis allée voir ce spectacle sans en connaître le sujet. J’allais découvrir un nouveau ballet d’Angelin Preljocaj. Mais quel ballet ! Qui me revient systématiquement en tête dès que je me remémore une chorégraphie. J’ai été stupéfaite, pour ne pas dire choquée, par la violence du texte et de la danse. Je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir autant de violence dans un ballet.
Je me souviens d’une ambiance assez sombre avec peu d’éclairage. Les danseurs, au nombre de six, évoluent sur la scène en mouvements rapides et saccadés. Ils se croisent, se frôlent, s’emmêlent, simulent des coups. Le narrateur nous donne à entendre un texte puissant avec une diction, crispée, hachée, tendue. La musique, très répétitive, ajoute à l’angoisse qui monte, au malaise devant la cruauté de ce qui est raconté. Je me rappelle avoir eu envie de dire au narrateur : « stop, arrête, tais-toi »… et j’ai pensé sortir de la salle, mais je suis restée. Quelques spectateurs ont d’ailleurs quitté le spectacle.
Beaucoup d’émotions dans ce spectacle face à la violence, l’injustice, le pouvoir de la force sur le plus faible, un homme qui est battu et tué par des vigiles pour rien… Une mort violente, stupide et barbare. Dans mon souvenir, je vois presque du sang sur les danseurs, sur la scène, mais non il n’y avait pas de sang. Quel souvenir ! La puissance du texte mis en mouvement. Je ne suis pas près d’oublier ce spectacle.
Martine