Quand l’histoire de l'espionnage se confond avec le cinéma : c’est le fil rouge que nous proposent de tirer les deux commissaires, Alexandra Midal et Matthieu Orléan, à travers l’ exposition Top secret. Alors que les deux disciplines fondent leur art sur la technique : la photographie, l’écoute ou la prise de son, elles convergent également sur l’art du gadget et du travestissement. Dans les vitrines, on ne sait plus très bien si le fameux parapluie bulgare à la pointe empoisonnée ou la chaussure qui cache une lame rétractable proviennent des archives d’un James Bond ou de celles des services secrets britanniques ou français. Et les postiches, sont-ils ceux utilisés par les hommes de la Stasi ou par les comédiens de la Vie des autres ? Ces influences croisées s’expriment aussi dans les séries les plus récentes comme le Bureau des Légendes dont on sait qu’elle a été adoubée par la DGSE.
Autre fil à tirer, l’étroite relation entre l’histoire du cinéma d’espionnage avec l’Histoire du XXe et du XXIe siècles. On pénètre dans les aventures de Mata Hari, incarnée à l’écran par Greta Garbo, ou Hedy Lamarr, actrice et espionne, à travers des extraits de films, photos et affiches. Plus tard, la guerre froide se joue évidemment aussi sur pellicule : à travers la saga James Bond ou de façon moins manichéenne dans les romans de John Le Carré portés à l’écran. Là encore, les intrigues et les codes du film d’espionnage (décors, costumes, cadrages de scènes situées à Berlin, Prague ou Moscou) illustrent les stratégies de propagande des deux blocs. La période contemporaine voit se transformer les menaces, la guerre froide laisse la place à des foyers terroristes disséminés dans le monde entier dont la lutte s’incarne désormais dans les séries.
Grâce à sa scénographie léchée et à la variété de supports : extraits de films bien sûr, croquis de décors, accessoires et machines, costumes, affiches… Top secret brosse une histoire de l’espionnage qui n’en finit pas de se transformer au grès des technologies et des soubresauts du monde. On sort de l'exposition convaincu que le genre à encore de belles et riches années devant lui.
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