
Ukrainien écrivant en russe, Andreï Kourkov, né en 1961, est devenu mondialement connu depuis son best-seller Le Pingouin paru en 2000.
Son dernier roman, Les abeilles grises, évoque le sort des habitants du Donbass coincés dans la zone grise, cette zone indéfinie située sur la ligne de front entre les Séparatistes et les soldats pro-ukrainiens. Là, seuls deux anciens ennemis d’enfance sont restés dans leur petit village à moitié détruit par les bombardements. Sans eau ni électricité, Sergueï, l’apiculteur et Pachka, son voisin, tentent de survivre à l’interminable hiver, chacun avec ses propres contacts. L’un plutôt « Urkis », l’autre plutôt « erpédistes ». Malgré ces divergences de fond, leur relation solide faite d’amitié et d’entraide met un peu d’humanité dans cette région en plein chaos.
Bientôt le printemps arrive et Sergueï doit trouver un endroit calme pour ses abeilles qui ne peuvent survivre dans un climat de guerre. Il prendra la route pour la Crimée pour qu’elles puissent profiter des floraisons et fabriquer leur miel. Mais cette quête d’un avenir meilleur s’avère un leurre. Malgré la rencontre de la belle Galia et l’amitié d’Ahtem, le Tatar, le retour au village natal semble inéluctable. Un magnifique roman qui résonne avec la situation actuelle mais aussi un chant puissant pour la paix et l’humanité. Merci monsieur Kourkov !
« Mais les abeilles, elles ne comprenaient pas la guerre. Les abeilles ne pouvaient pas passer de la paix à la guerre et de la guerre à la paix, comme les humains. Les abeilles avaient beau vole (…), rien n’était à leur portée sauf la tâche essentielle à laquelle Dieu et la nature les avaient destinées : la miélaison. »
Les abeilles grises d’Andrei Kourkov, 2022, aux éditions Liana Lévi.
Traduit du Russe (Ukraine) par Paul Lequesne, 400 p., 23 euros.
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